Daniel sur Piques et Répliques signalait l’absence de modération de commentaires d’un article publié sur lematin.ch , site du journal du même nom, un des journaux le plus lu en Suisse romande. Un deuxième billet explique ce qui a suivi sa « dénonciation ».

Plusieurs commentaires auraient pu valoir à  leur auteur, à  défaut au responsable du blog donc à  Edipresse une condamnation pour incitation à  la haine et étaient non seulement contraires à  leurs conditions générales mais en infraction par rapport à  la loi antiraciste.

Depuis, les commentaires de cet article ont disparu du site du Matin Online, sans explications, comme l’explique Piques et Répliques.

Que faire dans un cas comme celui-là  ? Quelques suggestions d’action:

Sur Wikiforum, le site participatif de l’émission Forum de la RSR, les commentaires ne sont pas autorisés. Pour publier un article, il faut décliner son identité réelle, avec un numéro de téléphone. Expérience faite, ils vérifient! Le responsable ne veut pas que Wikiforum devienne, je le cite : « un défouloir ». Si l’on peut s’étonner qu’un « wiki » soit aussi fermé, on peut comprendre cette position, tant les commentaires lus sur d’autres sites des médias suisses sont racistes, xénophobes et insultants. Je ne consulte plus Infrarouge pour cette raison.

Sur Rue89 Guillemette Faure explique dans cet article  leur politique de modération. « J’ai été censuré, comment certains commentaires disparaissent » comment  la modération est faite sur Rue89. Le système de votes et l’avis des autres internautes facilitent ce travail. Rien de tel en Suisse romande, hélas.

Quel est le problème ?

Sous le couvert de l’anonymat et par l’usage très répandu de pseudonymes, certains lecteurs se « lâchent » et écrivent les pires horreurs, horreurs qu’ils n’oseraient jamais dire à  visage découvert. Ils réservent cette prose haineuse aux forums de discussion et aux commentaires des blogs des sites des médias, probablement en raison de leur plus grand audience.

Avant l’Internet, pour faire publier un courrier  de lecteur, il fallait décliner son identité. L’anonymat était exceptionnel, alors qu’aujourd’hui, c’est la règle. Il devrait être de la responsabilité de l’éditeur (ici Edipresse) de modérer les textes, de filtrer et de contrôler. Ce qui manifestement n’est pas fait sur le Matin Online. Le Conseil suisse de la presse désavoue explicitement l’usage de l’anonymat. Il existe quelques situations où l’anonymat se justifie, notamment aussi dans certains pays ou des opposants au régime s’expriment à  leurs risques et périls. Rares sont les situations en Suisse où l’anonymat serait nécessaire.

Mais qui se préoccupe vraiment d’une éthique de l’anonymat sur l’Internet ? Selon le Temps, le gouvernement de Corée du Sud  a interdit en juin 2007 l’anonymat sur les trente-cinq principaux sites du pays. L’exemple pourrait être suivi.
Article de Daniel Cornu, médiateur des publications suisses d’Edipresse, « Liberté d’expression et enjeu éthique » TANGRAM N° 21 (PDF, 4328 kb, mai 2008, page 28-29), Commission fédérale contre le racisme (CFR).

Voir aussi: L’anonymat sur la toile – Daniel Cornu, médiateur Edipresse

Mise à  jour 16 juillet

Le Matin, un hôpital qui se fout de la charité

Photo : CFR, Tangram 21