Combien de Suisses romands écouteront ce soir le débat télévisé des deux candidats à  l’élection présidentielle française? Selon les médias, le sujet passionne en Suisse : pas un flash d’information, pas un journal télévisé qui ne traite de ce fameux débat. On sait tout de la largeur de la table, de l’éclairage, du réalisateur, des journalistes, du déroulement de l’émission, des décors. Des extraits des débats antérieurs ont été diffusés très fréquemment sur les ondes et nombreux sont les politiciens suisses qui ont été interrogés sur leur préférence pour sarko ou pour ségo. C’est donc avec un certain soulagement que les Suisses romands attendent la fin du suspens.

La NZZ, dans un excellent article « Séparé par une langue commune, les Suisses et l’élection présidentielle française, » explique que malgré la langue qui nous unit, les divergences prédominent. Bien qu’attirés par tout ce qui vient de France, de l’éloquence française à  l’art de la rhétorique, du combat perpétuel gauche – droite, les Suisses romands seraient plus Suisses qu’ils ne croient. Les notions de « grandeur » et « nation » sont ici étrangères à  la culture politique suisse, beaucoup plus pragmatique, (même à  Genève!)

Si les Romands écoutent volontiers les Français, ils sont aussi fiers de faire chez eux exactement l’opposé. Ici un « beau parleur » ne peut pas être tout à  fait sérieux. Contrairement à  la France, nous n’avons pas la culture de la parole. On se méfie des beaux discours, mais on les écoute volontiers!